31.1.07

cause-tic: une satyrade, en somme


En guise d'avant-propos, plagiat de Bergerac, maître des phrases bien senties.

Le vicomte devient le bien-pensant, tandis que logos emprunte très humblement la verve de Cyrano.

Et la langue de vipère de remplacer le grand nez.

[version originale: http://membres.lycos.fr/cultureg/Extrais/Cyrano.html ]

Le bien-pensant:

Personne?
Attendez! Je vais lui lancer un de ces traits!...

Le bien-pensant s'avance vers logos qui l'observe, et se
campant devant lui d'un air fat.

Vous... vous avez une langue... heu.... une langue... de vipère !

Logos, gravement:

Certes.

Le bien-pensant, riant:

Ha !

Logos, imperturbable:

C'est tout ?...

Le bien-pensant:

Mais...

Logos:

Ah ! non ! c'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... Oh ! Dieu !... Bien des choses en somme.
En variant le ton, par exemple -, tenez :

Agressif : "Moi, monsieur, si j'avais une telle langue
Il faudrait sur-le-champ que l’on me l'amputasse !"

Amical : "Mais elle doit tremper dans l’acide:
tournez-là donc sept fois plutôt qu’on ne la cadenasse !"

Descriptif : "C'est un TOC!... C'est une pique!... c'est une dague!...
Que dis-je, c'est une dague?... Ces piques sont des insultes!"

Curieux : "A quoi sert donc ce blog occulte ?
D'exutoire, monsieur, ou de boîte à couteaux ?"

Gracieux : "Aimez-vous à ce point l’art de l’imbroglio
Que continuellement vous vous préoccupâtes
De défendre au perchoir des idées délicates?"

Truculent : "Ca, monsieur, lorsque ainsi vous raillez,
L’aigreur de vos sarcasmes peut-elle être soulagée
Sans que l’on ne recrache, jugeant le goût mauvais ?"

Prévenant : "Gardez-vous, votre langue aiguisée
A ce point, de vous couper sèchement la parole !"

Tendre : "Faites-lui faire une petite camisole
De peur que sa folie ne s'échappe de Stéphane!"

Pédant : "Votre bile, cher monsieur, qu’Aristophane
Appelle Ironie sarcastique satyrico-acerbe
N’a rien du verbe, non, mais plutôt de la gerbe."

Cavalier : "Quoi, l'ami, se moquer, à la mode?
Pour se voir critiqué, c'est vraiment très commode !"

Emphatique : "Aucun vent ne bruit de pareils râles,
Vous souffletant assez, excepté le mistral !"

Dramatique : "C'est la mer Rouge quand elle saigne !"

Admiratif : "Pour un persifleur, quelle enseigne !"

Lyrique : "Est-ce un dard, êtes-vous un poison ?"

Naïf : "Et cette vanne, quand la ferme-t-on ?"

Respectueux : "Souffrez, monsieur, qu'on vous salue,
C'est là ce qui s'appelle avoir langue bien pendue !"

Campagnard : "Hé, ardé ! C'est-y ben vache ? Nanain !
c'est queuqu'fumier gênant ou ben queuqu'bon purin !"

Militaire : "Pointez contre mitrailleuse !"

Pratique : "Voulez-vous la mettre en veilleuse ?
Assurément, monsieur, ce serait écolo !"

Enfin parodiant Pyrame en un sanglot:
"Le voilà donc ce fiel qui de la vie des êtres
Décrit tant l’ironie ! Il en sourit, le traître !"

- Voila ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit :
Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettre
Vous n'avez que les trois qui forment le mot: sot !
Eussiez vous eu, d'ailleurs, l'invention qu'il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
Me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n'en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d'une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permets pas qu'un autre me les serve.

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